Artistico, c'est flamenco

Retour dans le Dodécanèse, son soleil et ses baies tranquilles. Au départ de Kos ou de Bodrum, voici l’île de Kalymnos en allant vers le nord. Tout comme Symi, cette île tirait sa richesse autrefois de la pêche aux éponges. Elle est aujourd’hui un rendez-vous incontournable des pratiquants de l’escalade adeptes de ses nombreuses parois rocheuses. Mais elle possède aussi quelques trésors destinés aux navigateurs. Ainsi, sur sa façade est, au nord de sa capitale Pothia, se trouve le petit village de Vathy. A l’extrémité de la vallée verdoyante de Rina, il est niché dans un fjord d’accès étroit par la mer. Nous y sommes accueillis gentiment, les tavernes sont conviviales. Des enfants, et aussi quelques adultes téméraires sautent ou plongent de la falaise à plus de 10m de hauteur.
En repartant de Vathy, nous pourrions nous diriger vers Leros et ses baies de Panteli et Alindas, mais nous préférons aujourd’hui emprunter le chenal au nord de Kalymnos pour redescendre vers le sud. C’est après quelques milles que nous trouvons la baie d’Emborios. Celle-ci est protégée de toute part, en effet, la baie elle-même et les îlots de Telendos et Kalavros nous font voir la terre tout alentour. Pour faciliter notre venue, les habitants ont aménagé des bouées auxquelles on peut s’amarrer, elles sont sûres et nous n’aurons pas à surveiller la tenue de notre ancre pendant la nuit. La baie d’Emborios est un havre de paix. Nous faisons face à la jolie plage et aux maisons colorées du village, et c’est au calme que nous nous adonnons à la baignade ou à une petite promenade aquatique avec masque et tuba. Lors d’une de ces visites, nous avons même eu droit à un concours de sauts à partir du balcon du bateau, salto avant, salto arrière et même double salto… applaudissements nourris en provenance de la plage, merci.
Dans les îles grecques, chacun attend le soir avec impatience, car le diner à la taverne n’est pas qu’une affaire de nourriture. L’accueil, l’ambiance détendue et parfois l’animation sont autant d’occasions de s’amuser, de partager un moment convivial. A Emborios, c’est à la taverne « Artistico » que nous nous donnons rendez-vous pour la soirée. Ouzo, vins et spécialités locales, on peut même y déguster des oursins. Irène et Giorgos nous accueillent gentiment. Jusque là, c’est comme ailleurs, on passe une bonne soirée. Il n’est pas rare qu’un client ait apporté son instrument musical, guitare, harmonica, accordéon, tiens, une trompette, ce serait sympa ! Oui, les clients avertis savent que Giorgos est un sacré musicien, il possède pléthore de guitares et il en joue divinement. Allez, mettons de l’ambiance, ceux qui ne jouent pas vont chanter, Giorgos s’active pour chauffer la salle. Et c’est ainsi que jusque tard dans la nuit, nous partageons un moment magique avec des amis d’un soir. Je vais vous faire une confidence, nous y avons rencontré Peter Pan, il jouait de l’accordéon pour notre plus grand bonheur, il n’était pas accompagné de Wendy, mais de sa femme Astrid.
Bonne nuit Irène, bonne nuit Giorgos, nous avons passé une soirée merveilleuse en votre compagnie. Il nous reste à rentrer à la rame, romantisme suprême, et pourquoi pas prendre un bain de minuit. Oui, Artistico, c’est flamenco ! L'écrivain anglais Brian Sibley s'est rendu à Emborios, il vous en parle dans son blog A quand le prochain billet du skipper ? Celui-ci se nourrit de ses rencontres dans les îles grecques, et l’hiver n’y est pas propice. Certains de ces beaux souvenirs profitent même de la saison froide pour disparaitre ou se cacher. Mais sans doute vont-ils réapparaitre avec la perspective du printemps. Alors d’ici là, je vous souhaite de bonnes fêtes en famille et entre amis.