Tilos, l'île-nature

Si l’expression « hors des sentiers battus » est souvent galvaudée, elle est parfaitement adaptée à Tilos, l’île-nature. C’est un havre de paix où les randonneurs aiment s'aventurer sur les sentiers bien entretenus de l’ile. En plus des activités pédestres, nous avons rendez-vous avec la préhistoire, l’ornithologie et avec Edith, la « dame du port »… A l’arrivée, quelque chose a changé, et le laxisme « siga siga *» des petits ports grecs n’est pas de mise. Ici, on suit les instructions d’Edith pour amarrer notre bateau. Si la dame est d’un abord un peu rude, elle connait bien son métier et son port, sa prise en charge est efficace. Attentive, elle nous indiquera si nécessaire la météo et les possibles coups de vent, on apprécie ses interventions.
Quelques mouillages avant l’arrivée au port (Orfos, Eristos, Koklakari) permettent de juger du caractère de l’ile : végétation sèche, sols pierreux, chèvres et eau turquoise sur fond de sable et de petits galets, au milieu du silence. A Livadhi, le petit port ne comporte que quelques maisons et une jolie place ombragée où il fait bon vivre le soir. La plage de galets s’étend sur plus d’un kilomètre pour le plus grand plaisir des baigneurs.
* "siga siga" : cool !
Des restes d’éléphants nains ont été retrouvés sur Tilos ceux-ci ont sans doute été piégés lors de la formation géologique des iles de la mer Egée. Des amoureux de la nature pratiquent aujourd’hui l’ornithologie, des couples d’aigles de Bonelli ont élu domicile sur l’ile, ainsi que des goélands et des faucons. Ici, pour profiter pleinement de l’ile, il faut aimer la marche, et de belles découvertes viendront récompenser nos efforts. C’est tout d’abord le tour du sud de l’ile, à flanc de montagne dans des paysages sauvages, plantés d’oliviers et d’amandiers, pour une balade de 2 à 3 heures avec un arrêt à la belle plage de Tholos. La promenade la plus ludique au départ de Livadhi nous conduit à Mikro Horio. On atteint ce village après un peu plus d’une heure, et on ne regrette pas d’être partis tôt pour échapper à la chaleur pendant la montée. C’est un village fantôme que nous découvrons, peuplé seulement de chèvres et moutons. Ses habitants l’ont progressivement abandonné après la seconde guerre mondiale du fait de sa situation : manque d’eau, échanges commerciaux difficiles. Ils se sont majoritairement installés à Livadhi, et pour ce faire ont emporté leur toit, et l’on ne trouve donc plus que les murs des bâtisses à Mikro Horio.
L’église est cependant toujours entretenue par les habitants de l’ile, et l’on a décidé de faire une discothèque qui ouvre l’été, il n’y a pas de voisins à déranger ! On pourra également découvrir quelques peintures murales dans la chapelle du cimetière, si on a la chance que la porte de celle-ci soit ouverte. On redescend ensuite tranquillement la vallée jusqu’à Lethra, une plage de galets ou l’on peut profiter d’un bon bain pour se délasser. Il faut compter un peu plus de 3 heures pour faire cette balade.
Au départ de Mégalo Horio, principal village de l’ile, on peut également découvrir le monastère d’Agios Pantelimonas, niché au creux de la montagne au nord de l’ile après une marche de deux bonnes heures, attention, ça grimpe et c’est un peu accidenté. Le monastère est sympathique avec son pope et sa myriade de chats. On y vit en retrait du monde, on ne voit en effet rien de l’ile dans ce lieu encaissé, et aucune ile n’est en vue, sauf peut-être le rocher Kandhelioussa par grand beau qui se trouve quand même à 16 milles. Dans ce petit bout du monde, j’ai une pensée pour Ingrid et Marie-Annick.
Les croisières du sud du Dodécanèse, au départ de Kos, Bodrum ou Rhodes passent par Tilos, car vous l’avez compris, c’est une de mes destinations préférées. Dans le prochain billet du skipper, je vous offrirai beauté, découverte et mystère à peine dévoilés dans son titre : « Mouillage à Makra ».